La semaine dernière, j’ai publié un billet pour déposer quelques réflexions après la première matinée de formation Des paroles en ligne. Suite à la seconde matinée et après presque une semaine qui m’a permis de laisser un peu décanter (et ne pas prendre trop de retard dans le reste de mon travail), voici la suite.
Merci à Philippe Golaz, Étienne Guilloud et Elio Jaillet pour leurs impulsions. Merci aux participants pour les échanges. Et merci à Béatrice Perregaux Allisson pour l’organisation et la gestion technique de cette formation à distance.
Faire de la vidéo fait peur. On hésite à s’y lancer. Mais les circonstances de ce printemps ont fait que beaucoup d’entre nous ont fait le pas. Contrairement à beaucoup de collègues, je n’ai pas fait de culte ou de célébration vidéo. Par contre, j’ai animé un catéchisme à distance avec mes collègues Laure Devaux Allisson et Yves Bourquin Le KT c’est ici! Je ne sais pas encore si la production de vidéos va faire régulièrement partie de mon ministère à l’avenir, mais j’aimerais garder à l’esprit les éléments suivants.
Vidéo ou pas vidéo?
Une vidéo doit pouvoir exister en tant que telle. En aucun cas elle ne doit nécessiter d’être accompagnée d’un texte explicatif extérieur pour comprendre de quoi il s’agit et à qui elle s’adresse car on ne peut contrôler ce qu’elle va devenir et comment elle va être partagée. Il est donc important d’avoir un mot d’accueil au début, même très bref, ou de dire qui on est ou dans quel contexte cette vidéo s’insère. Par exemple, dans l’Église à la rencontre, après un générique très court, un titre et la date, Étienne et ses compagnons débutent toujours par un: « Ami de la capsule: salut! ». C’est clair, on sait où on est et on est prêt·e à découvrir la suite.
Sur son blog, Elio parle de la maison. L’ouverture d’une vidéo, c’est ouvrir la porte de sa maison. On ne fait pas entrer quelqu’un sans lui avoir dit bonjour ou bienvenue. C’est pareil pour la vidéo.
Une vidéo doit avoir une plus-value visuelle. Cela peut paraître bête à dire, mais j’ai eu besoin que cela soit formulé pour en prendre vraiment conscience. Se filmer n’est pas très compliqué, la plupart de nos ordinateurs et tablettes sont équipés de webcam et d’un programme d’enregistrement vidéo. Lorsque nous étions tous bloqués chez nous, cela pouvait nous faire plaisir de voir le visage d’une personne connue. En cela, c’est une bonne idée d’enregistrer un message vidéo à l’attention de nos paroissien·ne·s ou de nos catéchumènes. Mais un plan fixe (souvent mal cadré) avec un son pas terrible, ce n’est pas l’idéal pour transmettre une parole (ce qui, finalement, est tout de même notre but, non?).
Il semble donc nécessaire d’apprendre à utiliser un programme de montage, même simple. Faire des coupes propres, intégrer de la musique, des illustrations, du texte en surimpression par exemple pour une lecture biblique, etc. Sinon, l’image est inutile et mieux vaut s’appliquer à bien enregistrer du son.
Ces remarques m’ont fait apparaître une forme de confusion. En enregistrant des messages vidéos, nous avons voulu créer un lien familier (accueil dans la maison) mais si la vidéo n’avait pas d’autre plus-value que celle de montrer une bobine connue, elle perdait son sens après la première minute. Donc la tête connue servait d’accueil dans la maison, mais ne permettait pas (ou mal) d’atteindre le but de la transmission d’une réflexion existentielle. On avait donc préparé un bon repas à partager, mais on est restés sur le pas de porte à nous regarder en chiens de faïence.
Quel retour?
J’ai aimé un appel à une certaine humilité quant à notre prétention à maîtriser la diffusion de nos contenus vidéos. Lorsque nous produisons quelque chose, nous aimerions avoir des retours, des encouragements ou des conseils, des critiques constructives ou des témoignages de l’effet incommensurablement bouleversant que notre vidéo a eu sur la vie d’une personne (!). Mais en réalité… silence! Une personne du groupe rappelait que le public vidéo est majoritairement un public passif. Mais cela ne signifie pas qu’il n’est pas intéressé. Il forme une « communauté » sur laquelle l’émetteur·trice n’a pas prise. Il·elle ne connaît pas les personnes qui suivent ses vidéos et pourtant, un lien existe entre elles et lui·elle. Dans le cas d’une suite régulière de vidéos, une « familiarité » voire une sympathie se crée pour la personnalité qui porte ces vidéos. Et quand bien même les retours sont très peu nombreux, l’intérêt est là. Notre travail est alors de continuer à produire du contenu et de le faire avec soin, par respect pour ce public dont on ne sait rien mais qui, avec le concours de l’Esprit, reçoit quelque chose de l’Évangile. Ne serait-ce pas la version contemporaine de l’expression prêcher dans le désert…?
Communiquer
Ces échanges d’expériences ont donné l’occasion de reposer quelques bases de stratégie de la communication en rappelant par exemple le schéma de Jakobson. Le genre de chose que j’avais étudié une fois il y a bien longtemps et dont j’avais, je le reconnais, oublié bien des subtilités.
Réfléchir, lorsqu’on produit quelque chose, au destinataire auquel on s’adresse, à la manière de l’atteindre existentiellement dans sa réalité, mais aussi très concrètement et techniquement par le biais des outils qu’il·elle utilise.
La communication de la Parole de Dieu est notre métier. Travailler les formes de communication, utiliser les moyens que le monde contemporain nous met à disposition doit faire partie de mission. J’ai été marquée par l’interpellation d’un des mentors qui nous a invités à penser notre production de communication (que ce soient des vidéos, des documents, des flyers, des articles dans les journaux, etc) comme faisant pleinement partie de notre pratique spirituelle.
Notre mission: communiquer l’Évangile. Il y a là deux éléments: l’Évangile… et la communication. On ne peut en général pas reprocher aux pasteur·e·s un manque de connaissances bibliques et théologiques. Et pour le second élément?…
Ensuite…
Ces quelques heures d’échange par zoom ont été stimulantes. Je ne sais pas encore sous quelle forme elles se traduiront dans mon ministère mais elles m’ont été profitables.
Je garde aussi cette phrase d’un des participants: Jésus a communiqué pendant 3 ans et il n’a célébré la cène qu’une seule fois. Il faudrait que nous gonflions un peu notre comm’ avec les moyens d’aujourd’hui!
Merci, Diane, de tes retours sur cette formation. Pour ma part, je me suis risqué aux trois formes de communication : l’écrit que je préfère… et de loin. L’enregistrement audio et la vidéo (une fois). Souvent difficile de s’écouter et se voir. Sortir de sa zone de confort, faire comme les autres, profiter de circonstances particulières. il y avait de tout cela dans mes motivations. Dans le Courrier de La Neuveville (ou je travaille), les communautés religieuses écrivent à tour de rôle un texte « Instantané » chaque semaine. Ca pose la question de l’évangélisation et de la diversité des formes et propos et positions « dogmatiques » par « voie de presse ».
Le langage liturgique et l’expression aux médias (dont tu as aussi parlé) sont différents. Évangéliser, c’est d’abord de la communication : qu’est-ce que je dis, veux dire, aimerais dire ? Et comment cela sera reçu, entendu, retenu… Tout un programme ! Merci de tes retours. Au plaisir. Amitiés. JM