Message à la fête nationale

La partie officielle de la soirée de la fête nationale a été animée hier soir par la fanfare l’Avenir d’Auvernier et l’Harmonie de Colombier. Après le discours du président du Conseil général Stéphane Bondallaz, la tribune a été offerte au Conseiller communal de La Chaux-de-Fonds Théo Huguenin-Elie. Ce fut un moment intense empreint de respect et d’empathie.

Voici le message des Églises que j’ai apporté hier sur la place du Millénaire à Auvernier dans le cadre de ces festivités du 1er août.

 

Chères concitoyennes, chers concitoyens,

La fête nationale nous réunit comme chaque année au cœur de l’été. A la charnière entre le mois de juillet et celui d’août, la Suisse se réunit à la lumière des lampions. Le temps d’une soirée, se croisent celles et ceux qui pour qui les vacances débutent et les autres qui, le teint doré, reprennent le travail. Jour férié au cœur de l’été, le 1er août nous offre le temps d’une halte. Une halte bienvenue dans nos vies intenses.

Voilà 8 jours, notre canton était traversé par un phénomène météorologique d’une intensité hors du commun.
6 minutes. 6 minutes et des poussières ont suffi pour tout ravager. A la stupéfaction a succédé la compassion pour celles et ceux qui ont été touchés dans leur chair et dans leurs murs. Est montée ensuite en moi la question : comment le vivrais-je si une telle catastrophe m’arrivait ?

Les drames, cela n’arrive pas qu’aux autres. Et cette conscience se fait de plus en plus vive. Face aux éléments : tempêtes, inondations, incendies. Face aux dangers : pandémie, conflits, réchauffement climatique… On se sent tout petit.

Petit individu dans le canton de Neuchâtel, petit canton dans la Suisse, petit pays dans une grande Europe. Petit point de terre émergé au milieu des océans. Petite planète dans l’univers. Et que dire du cosmos ? Cela me donne le vertige. Je me sens plus petite encore qu’une fourmi, une tête d’épingle, un grain de sable.

Ce sentiment est admirablement exprimé dans un des textes de la Bible que je préfère, le 8e psaume.
Un soir, à Jérusalem. Alors que la nuit s’installe, un homme – un poète – s’allonge sur sa couche étendue sur le toit de sa maison. Dans les régions chaudes d’autrefois (du temps où ici il n’y avait pas de canicule) on construisait de petites maison à larges murs et sans beaucoup d’ouvertures qui gardaient la fraicheur à l’intérieur en journée. Le soir, on monte sur le toit-terrasse et on plonge dans la fraîcheur de la nuit. Le regard de cet homme se perd dans l’immensité des cieux. En lui, monte la conscience de sa petitesse face à l’univers. Et il adresse à son Dieu cette prière :
quand je vois le ciel, ton ouvrage,
la lune et les étoiles qui tu y a placées,
je me demande, ô Dieu : qu’est dont l’être humain pour que tu en aies souci ?

Que l’on partage ou non la foi de cet homme, sa compréhension du monde en tant que création divine, sa question est universelle et transcende toutes les appartenances religieuses. Dans l’immensité de l’univers, sur toute l’étendue de la planète, dans la grandeur du monde et la foule des êtres humains, pourquoi serais-je quelqu’un ? Pourquoi moi ? Pourquoi toi ? Pourquoi chacun d’entre nous serait une personne importante ?

C’est la grande question de l’individu. Celle de l’être unique, plutôt que du grain de sable perdu dans la foule anonyme. Cette conviction que nous sommes toutes et tous des individus particuliers qui ont une place et un rôle à jouer dans le monde, certains d’entre nous la fondent dans la foi. Se savoir unique est fondamental. Et cela confère à chacun d’entre nous la responsabilité d’accomplir ce qu’un individu peut faire de plus grand : se mettre au service de la collectivité.

Les bouleversements vécus ces dernières années ont fait émerger de magnifiques élans de solidarité. Citons par exemple : l’entraide entre voisins durant la pandémie, l’accueil de familles ukrainiennes, ou l’aide concrète qui se met en place avec une rapidité impressionnante à la Chaux-de-Fonds comme cela avait été le cas après les inondations à Cressier il y a 2 ans.

Certes nous nous sentons petits dans le monde, impuissants parfois, désarmés souvent. Mais il y a quelque chose de beau, de grand, de divin même en nous. Une solidarité qui construit jour après jour notre pays. C’est dans cet encouragement à cultiver notre conscience de soi et notre capacité à œuvrer pour le monde et pour les autres que je vous transmets, chers concitoyens, chères concitoyennes, chers frères et sœurs en humanité, la bénédiction de la part de nos Églises protestante et catholique de Milvignes.

Merci pour votre écoute et joyeuse soirée patriotique à vous.