Merci et longue vie au KT

Le culte de début d’année de catéchisme a été pour moi l’occasion de prendre congé des familles et des équipes de catéchumènes et de moniteurs et monitrices avec lesquel·le·s j’ai eu la joie de vivre le KT. En effet, mon ministère se réoriente désormais dans le secteur de l’enfance et des familles, parallèlement à mon engagement généraliste en paroisse. Je quitte avec une reconnaissance immense et un fort pincement au cœur le domaine de la catéchèse de l’adolescence dans lequel je me suis engagée avec passion durant plus de 20 ans.

Les émotions ont été très fortes pour moi. J’ai pris de plein fouet des vagues de mots gentils, des présents, des signes d’affections et l’évocation de souvenirs. Et j’ai reçu un extraordinaire album de photos et de textes qui me bouleverse à chaque fois que je l’ouvre (et j’avoue que je l’ai fait chaque jour depuis que je l’ai reçu).

Oui j’ai vécu beaucoup de moments de grâce au KT et ce qui me touche, c’est le nombre de personnes qui disent de même. Pour certain·e·s, cela remonte à des années. Pour d’autres c’est encore tout frais. J’ai vraiment vécu comme un privilège de pouvoir accompagner toutes ces volées de catéchumènes, d’avoir tissé des relations de confiance avec certain·e·s et d’avoir assisté à l’épanouissement personnel et spirituel de personnes magnifiques.

J’avais préparé quelques mots à adresser à l’assemblée à la fin du culte, je partage ici ces quelques lignes.

Mot de reconnaissance

J’ai eu la chance de débuter, il y a une 20aine d’année, dans une équipe investie dans la catéchèse existentielle. Avec mes collègues et les monos de l’époque, j’ai découvert cette manière de vivre le KT dans laquelle on fait vivre une expérience de vie, puis on la réfléchit, on l’analyse à la lumière d’un texte de la Bible, puis on en retire quelque chose pour la suite de son existence.

Dès le début de mon ministère, le KT a été bien plus qu’enseigner. Le KT, ça se vit!

Puis avec les différentes équipes, les collègues et les jeunes, on a peu à peu développé toute la dimension ludique. Parce que le jeu permet la mise à distance et que, sous ses aspects légers, il fait vivre les expériences de la vie avec intensité et authenticité.

Ces années de KT ont été un espace fabuleux de créativité. Elles nous ont emmenées dans l’espace, sur un navire de pirates, dans les contes de fées, dans un jeu vidéo et même dans les profondeurs de l’océan. Mais avant tout, elles m’ont offert de véritables rencontres et d’incroyables tranches de vie.

Il m’est arrivé plus souvent qu’à mon tour, en disant que je travaillais avec des ados, que des gens me demandent si ce n’était pas trop difficile. Au début, je ne comprenais pas ce que cela voulait dire. Pourquoi pensaient-ils que c’était difficile ?

Exigeant ? Certainement.
Prenant ? Sans aucun doute.
Chronophage ? Oh oui !
Mais difficile ?!?

J’ai compris que ce qui était sous-entendu, c’est que derrière cette idée que travailler avec des ados c’est difficile, il y a surtout pas mal de préjugés et beaucoup de mécompréhension. Avec les ados, il devait y avoir des soucis de discipline ou bien ça devait être terrible de les intéresser à quelque chose. Et à la religion encore en plus. Ouh la la !!

Ces préjugés sont loin, très loin de ce que j’ai vécu. Alors je me suis demandé pourquoi. Pourquoi la réalité de ce que l’on vit au KT est-elle si éloignée de ce que les gens imaginent ?

Je ne sais pas si j’ai trouvé la réponse absolue. Mais j’ai trouvé ma réponse. La toute première chose, c’est de les aimer, les ados! Ça parait un peu mièvre dit comme ça. Mais cela me semble l’élément prégnant.

Comme adulte, on se dépêche d’oublier cette période de notre vie qu’était l’adolescence. Les catéchumènes m’ont obligée à m’y confronter et à ne pas oublier trop vite. Et franchement, ce qui est difficile, ce n’est pas de travailler avec des ados. Ce qui est difficile, c’est d’être ado!

Entre l’enfant qu’on n’est plus tout à fait, qu’on ne veut plus être mais qu’on n’est pas encore tout à fait prêt à quitter. Entre les attentes de la société, de l’école, des parents, du monde professionnel. La volonté d’autonomie mais l’insécurité face aux responsabilités nouvelles. Et puis ce corps qui change, qu’on habite sans plus tout à fait s’y retrouver. Le regard des autres sur soi. Le regard de soi sur les autres. Et ce terrible juge qu’on est parfois pour soi-même. Être ado, c’est dur!

Et ma conviction, c’est que dans cette période de la vie, on a besoin d’un espace où l’on peut se dire les choses, se sentir accepté, se savoir aimé. Un lieu où on peut mettre en question nos convictions, développer sa spiritualité, découvrir en Dieu un compagnon de vie. Où on peut oser des choses, même les plus farfelues. Où on peut rire et aussi pleurer. Juste être soi, avec toutes nos contradictions.

C’est cet espace sécurisé que l’on s’attacher à créer et à entretenir au KT. Et quand cela se vit, c’est une grâce immense. Alors ce matin j’aimerais vous dire toute ma reconnaissance pour les nombreux instants de grâce que j’ai vécus avec vous et avec les équipes qui vous ont précédé. J’ai été privilégiée. Et je garde dans mon cœur tous ces instants d’échanges, de confidences, de rire, de confiance, de prière.

Je suis ravie et confiante pour tout ce que vous allez vivre encore au KT. Cet espace particulier existe et il vous appartient à vous d’en prendre soin pour qu’il continue à exister pour vous-mêmes et pour les suivants.

Ne croyez pas un instant que j’arrête le KT parce que j’en ai marre. C’est juste que la vie me propose un autre défi, que je me sens maintenant appelée vers d’autres missions.

Je n’ai nommé personne mais beaucoup de noms et de visages me viennent à l’esprit. Ma reconnaissance est grande pour vous les catéchumènes, pour les membres du groupe de jeunes de l’Etoile, pour celles et ceux avec qui j’ai collaboré au pentagone (équipe de direction du KT) et bien sûr pour mes collègues. Et aussi pour les parents qui font confiance à l’équipe.

J’aimerais encore avoir un mot particulier pour ma famille. Mes enfants Lucien et Clémence qui ont accepté de faire du KT avec leur maman, ce qui n’est pas anodin. Et pour mon mari Nicolas qui m’a énormément soutenu dans mon engagement au KT. Et qui a supporté mes nombreuses absences en soirées, mes semaines de camp, les quantités de matériel à transporter, les innombrables coups de main. Mais surtout les semaines avant et après les camps où, même si physiquement j’étais là, mon esprit lui était ailleurs…

Voilà. Grand merci et longue vie au KT!