Culte patriotique 2020 au Château d’Auvernier

En ce dimanche 2 août 2020, la paroisse a été accueillie dans les jardins du Château d’Auvernier pour célébrer le culte patriotique. Nous y avons célébré le baptême de deux jeunes garçons: Louis et Arthur.
Merci à la famille Grosjean pour son accueil et à la Fanfare l’Avenir pour sa participation appréciée.

Nous partageons ici les textes du cultes.

 

Louange

Béni sois-tu Seigneur de nous rassembler ce matin dans la chaleur de l’été pour te célébrer.
Béni sois-tu pour la nature extraordinaire qui nous entoure. Sa force de vie. Sa capacité à être belle et bonne, généreuse en fruits et en fleurs.
Béni sois-tu pour ta parole, pour ton fils Jésus-Christ venu partager notre destinée humaine et nous révéler ton amour pour chacun et chacune.
Béni sois-tu pour notre pays. Notre chère Suisse que nous aimons. Béni sois-tu pour celles et ceux qui l’habitent et qui, dans toute leur diversité, en font une terre belle à habiter.
Béni sois-tu pour les enfants et toutes les personnes qui nous sont chères. Viens habiter nos cœurs dans la joie d’être ensemble, réunis en ton nom. Ouvre notre esprit et notre intelligence à l’écoute de ta Parole.
Amen

Parole du Ressuscité à ses disciples

À ses disciples perdus et désorientés après la mort de leur maître, les évangiles nous racontent que le Ressuscité s’est adressé. Ces paroles, posées en clôture de l’évangile de Matthieu, portent encore aujourd’hui la foi et les pratiques de notre Église. Les voici :

Les onze disciples se rendirent en Galilée, sur la colline que Jésus leur avait indiquée. Quand ils le virent, ils se prosternèrent; certains d’entre eux, pourtant, eurent des doutes. Jésus s’approcha et leur dit: «Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez donc auprès des gens de toutes les nations et faites d’eux mes disciples; baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à pratiquer tout ce que je vous ai commandé. Et sachez-le: je vais être avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde.»

Matthieu 28,16-20

Jésus est-il apparu à ses disciples après sa mort? Voilà un événement qui n’est pas facile à croire. Mais notre réserve n’est pas nouvelle. Le récit lui-même se fait écho des doutes qui ont étreint certains disciples. Pourtant l’évangile ne cherche pas à nous convaincre. Aucune description, aucune preuve, aucune argumentation. L’important est ailleurs. L’important c’est que les disciples reçoivent sa parole. Et qu’au travers de l’évangile, nous le recevions à notre tour, 2 millénaires plus tard.

Une parole claire et sobre. Une promesse et un appel. Une présence malgré l’absence.

De toutes les nations faites des disciples! L’évangile de Jésus-Christ est universel, il s’adresse aux hommes et aux femmes de tout pays, de tout âge, de toute situation sociale, et de toute époque. Chacun.e est appelé à devenir disciple, c’est-à-dire de placer sa vie sous le regard de Dieu.

Baptisez et enseignez. L’évangile de Jésus-Christ se transmet, il s’enseigne, il se raconte. Il s’exprime par des mots et des gestes, par des valeurs et des symboles.

Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde. Il n’existe pas de frontière géographique ou temporelle, pas de murs ou de limite capable de nous séparer de la présence du Christ.

Quelques mots seulement qui ont fondé la foi de tant d’hommes et de femmes qui nous ont précédé, qui résonnent encore en nous et qui, c’est notre espérance, donneront encore sens à l’existence des générations à venir.

Par le baptême nous nous inscrivons dans cette histoire millénaire. Les baptisés appartiennent à la grande famille de l’humanité, à la famille spirituelle qui place son existence devant Dieu, transmet son enseignement et témoigne de ses bienfaits.

– Célébration du baptême de Louis –

Parole d’un père à son fils

En tant qu’adultes, nous sommes amenés à prendre de multiples décisions pour nos enfants. À commencer par le prénom qu’il ou elle va porter toute sa vie. Tous les parents affirment qu’ils souhaitent que leur enfant soit libre, qu’il puisse choisir ce que sera sa vie, son métier, son conjoint, sa religion. Mais il est illusoire de penser qu’un enfant est face à une grande page blanche. Bien des chemins sont déjà tracés. Et c’est tant mieux! Qui serait capable de choisir devant l’immensité des possibles?

Pour que la liberté soit réelle, l’enfant a besoin d’adultes qui lui font découvrir ce qu’ils aiment, ce qui les fait vibrer, ce qu’ils croient juste et bon. Les enfants ne naissent pas dans des serres, ils ne poussent pas dans des pots. Ils voient le jour dans une famille. Le cadre familial est le lieu de leur développement, de leur éveil, de leur croissance. Ils ont besoin de profiter de l’expérience des générations précédentes pour choisir de s’inscrire dans une continuité ou au contraire de s’en écarter.

On trouve dans l’Ancien testament un texte magnifique d’un père à son fils. Je vous invite à écouter ces paroles du livre des Proverbes.

Mon fils, si ton cœur est sage, mon cœur à moi sera dans la joie. Je serai profondément heureux si tu parles avec droiture. Ne jalouse pas intérieurement les pécheurs, mais sois constamment soumis au Seigneur, car assurément il y a un avenir et ton espérance ne pourra pas être brisée.

Toi, mon fils, écoute-moi et tu deviendras sage, tu iras droit ton chemin. Ne fréquente pas les gens qui s’enivrent de vin et s’empiffrent de viande. Car les buveurs et les gloutons seront réduits à la misère, à force d’indolence ils n’auront plus que des haillons à se mettre.

Écoute ton père, car tu lui dois la vie; ne méprise pas ta mère lorsqu’elle a vieilli. Acquiers la vérité, n’en fais pas commerce ; de même pour la sagesse, l’éducation et l’intelligence. Le plus grand bonheur d’un père est d’avoir donné la vie à un homme juste et sage. Donne cette joie à ton père et à ta mère, ce bonheur à celle qui t’a mis au monde.

Livre des Proverbes 23,15-25

Est-il raisonnable, dans notre monde actuel, de mettre au monde des enfants? La question se pose sérieusement et de jeunes adultes prennent aujourd’hui la décision de ne pas devenir parents. Que va devenir notre monde? Que sera-t-il quand Louis et Arthur auront 30 ans? 50 ans? 80 ans? L’humanité actuelle a déjà bien entamé les ressources de la Terre. Que pourront-ils faire de la planète que nous leur laisserons? L’incertitude est grande. Certes. Mais ne laissons pas le désespoir l’emporter! Assurément il y a un avenir et ton espérance ne pourra pas être brisée écrit ce père à son fils.

La naissance d’un enfant est une signe d’espérance. La Vie plus forte que toutes les désespérances. Une naissance ravit les parents, la famille. Mais pas seulement, elle est une joie pour l’humanité. Dans les périodes les plus sombres de l’histoire, l’espèce humaine n’a pas cessé de mettre des enfants au monde. Durant les guerres mondiales, la guerre froide ou aujourd’hui en Syrie, on a des enfants et on croit à un avenir pour eux. La Vie est plus forte. Tel est le centre de l’Évangile. Telle est notre espérance.

La Vie nous est confiée, elle ne nous appartient pas. Nos enfants ne nous appartiennent pas, eux aussi nous sont confiés. Et avec eux nous est confiée la responsabilité de les accompagner sur le chemin de la vie. Enseigner, éduquer, apprendre les limites. La tâche est parfois dure. Les éveiller aux valeurs fondamentales: la justice, la sagesse, la droiture. Les guider dans la recherche de la vérité, dans l’humilité qu’ils ne pourront jamais la posséder.

Et faire découvrir la foi qui donne sens à l’existence. Dans l’espérance qu’elle touchera leur cœur comme elle a touché le nôtre. Telle est notre vocation.

– Célébration du baptême d’Arthur –

Engagement de l’Église

Baptisés, Louis et Arthur entrent dans une famille plus large, celle des croyants. L’Église s’engage envers eux par la voix de l’une d’entre nous.

Le signe du baptême nous rappelle que nous vivons tous de la même grâce de Dieu et que nous sommes enfants d’un même Père. Louis et Arthur sont des enfants de Dieu. Ils sont ici chez eux. Nous sommes leur famille spirituelle et nous l’affirmons: aucune contrainte ne les retiendra dans l’Église et s’ils venaient à s’en éloigner, leur place y demeurera toujours marquée. Accueillons-le dans notre communauté et dans notre prière afin qu’à travers nous, ils puissent découvrir l’amour de Dieu. Ce sera notre joie qu’ils répondent un jour par la foi au don de Dieu attesté par leur baptême.

Prions ensemble
Dieu notre Père, nous ne disons notre joie et notre reconnaissance pour ces deux garçons. Donne à leurs parents, marraines et parrains, et à tous ceux qui auront à prendre soin d’eux de leur révéler ton amour. Donne-leur d’ouvrir leur cœur et leur esprit à ta présence et de découvrir la joie de vivre dans la foi.
Croyants réunis ce matin en ce lieu, nous te disons notre reconnaissance pour notre propre baptême, pour toutes les occasions qui nous permettent d’en faire mémoire, et pour la fidélité de ton amour. Amen

Cordonnier: pas plus haut que la chaussure!

Cette semaine, j’ai appris un nouveau mot. (Autre que cyanobactérie!) Ce n’est pas tous les jours que nous avons l’occasion d’enrichir notre vocabulaire. Alors j’ai le plaisir de partager cette découverte avec vous. Peut-être est-ce déjà quelque chose de connu pour vous. Sinon, eh bien j’aurai un peu contribué à étoffer vos connaissances! Ce mot c’est: Ultracrépidarianisme. Le terme vient d’une locution latine: Sutor, ne supra crepidam ce qui signifie littéralement «Cordonnier, pas plus haut que la chaussure». Autrement dit: limite-toi à ce que tu connais.

C’est un terme peu connu, mais une réalité très répandue. L’ultracrépidarianisme désigne le comportement qui consiste à donner son avis sur des sujets sur lesquels on n’a aucune compétence. Étienne Klein, philosophe des sciences français qui m’a fait découvrir ce terme, donnait un exemple concret.

 

Les êtres humains que nous sommes aiment les réponses claires.
C’est blanc ou c’est noir.
C’est bien ou c’est mal.
C’est juste ou c’est faux.
Ces balises, qui sont indispensables à donner à de jeunes enfants pour qu’ils se construisent sur des limites claires, ne sont pourtant pas suffisantes pour appréhender le monde. La réalité n’est pas binaire. Elle est complexe.

Ce qui est simple rassure. Quitte à ce qu’il soit simpliste. Le complexe, lui, demande un effort. Et l’être humain est malheureusement une espèce bien paresseuse. En entendant ce philosophe des sciences l’autre jour, j’ai immédiatement pensé aux pharisiens. Les religieux de l’époque de Jésus avec lesquels il s’est tant de fois pris de bec. Les pharisiens aiment que les choses soient claires.

Eux savent! Ils savent ce qui est bien et ce qui est mal. Ils savent ce que Dieu veut. Ce qui est pur et ce qui est impur. Ce qui est permis et ce qui est interdit. Des controverses entre Jésus et des pharisiens, il y en a des quantités dans les évangiles. Je vous propose celle-ci:

Jésus partit de là et se rendit dans leur synagogue. Il y avait là un homme dont la main était paralysée. Les Pharisiens voulaient accuser Jésus; c’est pourquoi ils lui demandèrent: «Notre loi permet-elle de faire une guérison le jour du sabbat?» Jésus leur répondit: «Si l’un d’entre vous a un seul mouton et que celui-ci tombe dans un trou profond le jour du sabbat, n’ira-t-il pas le prendre pour le sortir de là? Et un homme vaut beaucoup plus qu’un mouton! Donc, notre loi permet de faire du bien à quelqu’un le jour du sabbat.» Jésus dit alors à l’homme: «Avance ta main.» Il l’avança et elle redevint saine comme l’autre. Les Pharisiens s’en allèrent et tinrent conseil pour décider comment ils pourraient faire mourir Jésus.

Matthieu 12, 9-14

Le jour du sabbat, aucune activité n’a lieu, la journée étant réservée à Dieu seul. La position du judaïsme d’alors était que le sabbat pouvait être suspendu en cas de danger de mort. Un homme souffrant d’une paralysie de la main n’entre certes pas dans ce critère, la guérison aurait donc très bien pu attendre le lendemain. C’est bien le signe que l’enjeu ne se situe pas sur l’acte de guérison miraculeuse mais sur la compréhension de l’action de Dieu et du rapport à la loi.

Les pharisiens aiment ce qui est clair et binaire. Ils sont dérangés par ce Jésus qui n’entre pas dans leurs catégories. Par cet homme qui parle de Dieu autrement et qui appelle à développer une relation de foi plus complexe. Si les pharisiens lui demandent: notre loi permet-elle de faire une guérison le jour du sabbat? Ce n’est pas pour obtenir une réponse de la part de Jésus, c’est pour le piéger. Il savent que Jésus connaît la loi et donc qu’il doit répondre: Non, notre loi ne le permet pas. Alors si il opère cette guérison, il se sera lui-même mis en faute par rapport à la règle et ils auront une raison de l’arrêter. C’est bien cela le but: éliminer celui qui dérange.

Mais Jésus refuse cette confrontation du juste et du faux, du tout blanc ou tout noir. La réalité est plus complexe que cela et il leur retourne une contre-question. Ceux qui voulaient tendre un piège se retrouvent à piégés. Parce que Jésus met au centre la personne, valeur infinie aux yeux de Dieu. Pour les pharisiens, l’homme à la main paralysée n’est qu’un outil pour piéger Jésus. Tandis que lui, il le met au centre et affirme sa valeur: il est un homme. Un homme enfermé dans une souffrance. Un homme qui demande à être libéré.

Le sens du jour qui est réservé à Dieu est de faire triompher la Vie. Il est donc non seulement permis, mais souhaité, de faire le bien et de poser un geste de libération lorsque celui-ci est possible. La prétention des pharisiens à connaître la vérité simple et brute s’est révélée enfermante. Alors que l’humilité de Jésus à ne pas prétendre connaître la bonne réponse avant de connaître la situation, voilà ce qui a été libérateur et porteur de vie.

Comme monsieur Jourdain faisait de la poésie sans le savoir, les pharisiens pratiquaient l’ultracrépidarianisme avant même que ce terme n’existe.

Ils affirment. Mais en réalité ne savent pas. Parce que c’est plus simple de dire ce qui est bien ou mal plutôt que de reconnaître qu’on ne sait pas ou que cela dépend de la situation.

Dire «je ne sais pas» est difficile lorsqu’on est enfant. Et plus les années passent, plus ces quelques mots sont durs à prononcer. Plus on a des responsabilités, plus on devient quelqu’un d’important, plus il devient ardu de reconnaître son ignorance. De ce point de vue là, j’aimerais souligner que j’ai beaucoup apprécié la manière dont nos autorités politiques et sanitaires fédérales ont géré la cris du coronavirus. Les fréquentes conférences de presse nous ont fait découvrir des hommes et des femmes assumant leurs responsabilités dans une honnête humilité. Reconnaissant les limites de leurs connaissances et décidant d’adapter petit à petit leurs décisions en fonction de l’évolution de la réalité. Peut-être est-ce un peu cela, le génie suisse ?… (lire à ce sujet le billet d’Isabelle Ott-Baechler Quand le doute rassure… )

Il n’est jamais facile de reconnaître les limites de nos compétences ou de nos connaissances. Mais s’il est un domaine où il est juste de dire: je ne sais pas, c’est bien le domaine religieux.
Les questions de la foi n’appartiennent pas au registre des connaissances ou des certitudes, mais à celui des convictions et de la confiance. Il n’est dès lors pas question d’inculquer mais de témoigner.

Lorsqu’un enfant – ou un adulte – vous pose une question sur Dieu, sur la mort, sur le sens de la vie, répondez honnêtement : «je ne sais pas, mais voilà ce que je crois…»

Cette sincérité là est la seule vérité.

Méfions-nous des discours trop catégoriques. Méfions-nous des visions dualistes et simplistes.vSous l’apparence de la clarté, elles sont en délétères.

Cultivons pour nous-mêmes et pour nos enfants la relation vivante à la foi, à Dieu et au monde. Exerçons une éthique de situation plutôt que dogmatique. Transmettons l’amour de la recherche de la vérité.

Voilà ce qui nous donne d’espérer encore pour notre monde, pour notre pays et pour la Vie à venir.

Intercession

Donne-nous Seigneur des yeux pour voir, des oreilles pour entendre et un cœur ouvert à la vie. Donne-nous de percevoir notre prochain en toute personne humaine. Et qu’ainsi se dissipent les idées préconçues qui nous empêchent d’avoir des relations vraies.

Nous nous plaçons avec confiance sous ta main. Béni sois-tu pour toutes les bénédictions de nos vies. Qu’elles appellent en nous la louange et non l’orgueil. Qu’elles éveillent en nous la générosité et l’ouverture.

Nous te confions notre monde d’aujourd’hui, avec toutes ses beautés et toutes ses misères. Nous te confions celles et ceux qui souffrent des conflits qui éclatent, de la sécheresse qui sévit, de la cruauté qui asservit. Nous te remettons l’incertitude du lendemain, nos craintes vis-à-vis de la maladie, nos peurs pour l’avenir.

Nous affirmons encore et toujours qu’il y a un avenir et que notre espérance ne pourra être brisée. Notre confiance est en toi. Pour l’avenir de nos existences. Pour le futur de nos familles. Pour l’avenir de notre pays. Pour le futur de notre monde. Amen

Envoi

Pour clore ce temps de recueillement à la maison, je vous propose l’écoute de la Chanson Calling My Children Home qui a été interprétée ce matin au culte par les sœurs Porret Rebecca, Sarah et Sophie.

Que vos jours soient bénis!