Dernièrement, avec le lancement d’une nouvelle année de KT, le catéchisme a été un sujet d’actualité. Le reste de l’année, on n’en parle pour ainsi dire pas. Pourtant, presque partout la catéchèse vit des mutations fondamentales.
Je vous recommande la lecture ou l’écoute des trois publications que je partage ci-dessous. Elles valent la peine de consacrer un moment et pour écouter l’apport de mes deux collègues, des personnes compétentes, expérimentées et concernées par le domaine.
Pour chaque publication, je relève un point que je trouve particulièrement pertinent.
Les jeunes au centre
Interview de la pasteure Laure Devaux Allisson, responsable du KT dans la paroisse de Bienne sur RJB: Catéchisme, la recherche de sens.
Les jeunes au centre!
Une catéchèse actuelle ne peut pas se construire autrement qu’en mettant les jeunes au centre. Cela signifie s’intéresser à ce qu’ils·elles vivent, leurs préoccupations, leur réalité, leurs questions, leur culture. Autrement dit, les aimer au sens le plus noble du terme, en les considérant comme des personnes à part entière. Mais cela signifie aussi s’adapter à leur rythme, à leurs disponibilités, à leurs intérêts pour entrer véritablement en dialogue.
Quand il est question de catéchèse ou de réforme de la catéchèse, comme c’est le cas actuellement, l’affirmation «mettre les jeunes au centre» est très souvent posée en début de discussion. Puis on passe aux «choses sérieuses»: les finances, les attentes des adultes, les intérêts des paroisses, les préférences des pasteur·e·s… En un rien de temps, les bonnes intentions de départ sont dissoutes. «Les jeunes au centre» n’est qu’un slogan, en aucun cas une clé de lecture. C’est malheureux.
Je connais Laure depuis de nombreuses années, nous sommes de proches amies depuis notre rencontre sur les bancs de la faculté de théologie. Nous avons eu l’occasion de travailler ensemble à plusieurs reprises sur des projets et quelques camps. Et quand je l’entends dire: «les jeunes au centre», je sais que, chez elle, c’est un véritable projet.
Mettre les jeunes au centre d’un projet de catéchèse, c’est donner priorité à ce qui permettra aux jeunes de vivre des expériences marquantes même si cela donne plus de travail ou mobilise plus de ressources.
Dans l’interview, Laure met en avant la place particulière des camps dans le projet catéchétique. Les camps permettent d’expérimenter la vie communautaire, ils obligent à sortir de sa zone de confort, à faire de la place aux autres. Ils permettent aussi de s’extraire du quotidien pour mieux l’interroger, se questionner sur ses priorités, les relations, les projets. On y expérimente la spiritualité individuelle et collective, le débat d’idées, la construction de la pensée en se confrontant à des avis divergents.
Mais organiser des camps, c’est compliqué. Et cela engage la responsabilité des personnes qui en prennent la charge. De moins en moins de sociétés s’y risquent. Les clubs sportifs, les associations et même les écoles en organisent de moins en moins, préférant les remplacer par des journées et renvoyant les jeunes ou les enfants dans leur famille pour la nuit.
Depuis presque 20 ans que je suis dans le ministère, j’ai fait partie des responsables de plus de 80 camps et occupé le rôle de cheffe de camp plus de 50 fois. Je sais ce que cela représente, je sais aussi que cela en vaut la peine.
La transmission de la foi
Prédication de James Woody, pasteur réformé à Auteuil, France: La catéchèse, pour un peu plus que la culture et la doctrine.
Prenez 20 minutes et écoutez cette prédication de James Woody. C’est brillant! Le contexte sociologique et ecclésiologique du protestantisme réformé parisien est naturellement très différent du nôtre. Ici, une prédication telle que celle-ci serait peut-être considérée comme trop intello. Mais elle vaut la peine d’être entendue.
Le point sur lequel je souhaite m’arrêter est celui de la question de la transmission de la foi. Transmettre la foi comme objectif du KT, cela peut plaire. Mais la foi ne se transmet pas! La foi s’apprend mais ne s’enseigne pas.
Malheureusement, cette attente est présente. Plus encore que la foi, c’est une reproduction du modèle d’expression de la foi qui est attendue du catéchisme. Sauf qu’il ne s’agit pas de cela! Faire du KT, ce n’est pas faire perdurer un modèle qui ne correspond pas aux jeunes actuels.
J’entends régulièrement — encore un slogan! — «les jeunes sont l’avenir de l’Église». Je suis en désaccord absolu avec cette affirmation. Les jeunes sont le présent de l’Église! Ils et elle ont le droit, au même titre que toutes les autres personnes, de vivre l’Église aujourd’hui. Ce qui est vécu par elles et eux a autant de valeur que ce que vivent les paroissiens et les paroissiennes traditionnels. Considérer les jeunes comme l’avenir de l’Église, c’est ne voir en eux que de futures personnes âgées, ce n’est pas les considérer comme des personnes à part entière. C’est tout simplement contraire à l’Évangile.
Régulièrement, les intérêts des jeunes sont opposées aux attentes traditionnelles des paroisses. C’est pourquoi il est hautement problématique que la responsabilité de la catéchèse soit entre les mains des organes décisionnels paroissiaux.
Les personnes en charge de la catéchèse au niveau opérationnel comme au niveau stratégique doivent avoir un bagage suffisant et être parfaitement au clair sur leurs présupposés, leurs choix méthodologiques, les objectifs et les enjeux.
Le cadre de confiance
Article de presse de l’agence ProtestInfo, repris dans les journaux du groupe ESH Médias (Le Nouvelliste, Le Journal du Jura, Arcinfo et La Côte), signé Lucas Vuilleumier: Qui inscrit encore son enfant au «caté»?
Parmi tous les parents qui s’expriment dans cet article, il y en a deux qui habitent mon village et qui confient leurs enfants depuis plusieurs années à notre équipe. Chacune à sa manière, elles parlent du cadre de confiance qui existe dans nos activités de KT. Dans leurs interventions, je retrouve ce qui constitue l’essence du KT tel que je le pratique:
- la liberté d’adhésion ou non à la foi; le KT propose la foi et en témoigne, il ne contraint personne
- l’accès à toutes et tous; la condition pour participer au KT est de s’y intéresser que l’on soit issu d’une famille protestante ou non
- la qualité du cadre offert dans lequel sécurité affective, spirituelle et physique permettent aux jeunes de s’ouvrir avec authenticité
Offrir un tel cadre n’est pas le fruit du hasard. Cela demande un travail constant d’ajustement et d’efforts pour coller à un idéal. Cela prend du temps à construire avec une équipe et demande des compétences mais je ne peux pas concevoir la catéchèse autrement que dans un cadre sain.
Cela me touche qu’elles le relèvent. C’est le signe que ce qui est fait a du sens. Mais je suis consciente qu’il faut toujours continuer à soigner ce cadre, car il ne peut se décréter, il doit se vivre et donc toujours s’ajuster.
Je me réjouis de ces trois publications récentes sur la catéchèse mais je ne peux que regretter que les contenus pertinents et les prises de paroles publiques sur le sujet soient si rares. Cet état de fait m’inquiète sur l’avenir de ce domaine qui me tient tant à cœur.
Merci beaucoup! Je crois que ce genre de réflexion a presque disparu dans la majorité des paroisses. Alors courage aux minoritaires qui essaient encore de faire entendre leur voix! Amitiés. Corinne Baumann
Merci Diane pour le partage de ces trois réflexions, merci pour ton désir qui rejoint le mien. Je n’ai pas le charisme d’écrire ce que j’expérimente, mais je profite de ton article pour un simple message. Le catéchisme me tient tellement à cœur et ce que nous vivons incarne dans la mesure du possible et avec toutes nos limites, les fondements qui sont rappelés ici. Alors merci et en communion de confiance et d’espérance ! Amitié, Agnès
@Corinne Avec une reconnaissance infinie pour celles et ceux qui nous on précédé dans ce travail et dont les apports sont aujourd’hui encore une ressource d’une richesse immense. Merci! Tu sais de qui je parle 🙂
@Agnès Tu n’écris peut-être pas mais tu parles très bien de ton travail. J’ai énormément apprécié ton interview sur la télé valaisanne au sujet de ton ministère dans les prisons. Il est si important de s’exprimer dans l’espace public, quelle que soit la forme ou le média.