Sur nos monts…

Voici le Message des Églises que j’ai prononcé hier soir au Port de Cortaillod, à l’occasion des festivités de la Fête nationale.
Merci à la Commune de Cortaillod d’associer chaque année les Églises à cette manifestation villageoise.

 

Mesdames, Messieurs,
Chers concitoyens, chère concitoyennes,

Je suis prête à parier qu’un certain nombre d’entre vous est rentré récemment d’Espagne et du Portugal. D’autres reviennent d’un séjour en Sardaigne ou sur une île grecque. Quelques uns – moins nombreux – se sont rendus au Canada ou au Vietnam. C’est juste?!?

Et comment suis-je au courant? Non. Je n’espionne personne et mes relations privilégiées avec Dieu n’y sont pour rien. Je me suis simplement référée au classement des destinations préférées des Suisses pour l’été 2017. Et même si je sais bien que les Carcoies sont exceptionnels, je me permets de supposer que nos aspirations en matière de vacances ne sont pas bien différentes de celles du Suisse en général.

Eh bien une fois n’est pas coutume, cette année ma famille et moi avons décidé de passer nos vacances… en Suisse. Dans nos belles alpes valaisannes. Excursions, randonnées et piques-niques nous ont permis de contempler les beautés de notre pays. Des beautés assurément moins exotiques que celles du Japon, du Maroc ou de l’Afrique du Sud, mais pas moins ressourçantes.

La montagne est depuis toujours un lieu particulier. Impressionnant voire terrifiant. Les sommets alpins sont longtemps demeurés des espaces inexplorés. Il a fallu que des anglais débarquent au XIXe siècle et rêvent d’aller au sommet pour que l’on se mette à l’alpinisme.

Dans la Bible, la montagne est un lieu de révélation. Lorsqu’un personnage monte sur une montagne, on sait qu’il va se passer quelque chose. Moïse y reçoit les dix commandements. Le prophète Elie y découvre la présence divine dans le silence. Jésus y est transfiguré.

Aujourd’hui encore, la montagne reste un lieu particulier. Un espace où l’on se confronte à ses propres limites. Où l’on se dépasse parfois. Où l’on se retrouve soi-même.

En montagne, on éprouve notre petitesse. Face à la nature. A sa grandeur, aux éléments. Face aux animaux qui décident ou non de se laisser apercevoir.
En montagne, ce n’est pas l’homme qui domine. Petit dans l’immensité de la montagne, l’être humain n’est pas grand-chose. Et pourtant son impact est visible. Sur les glaciers qui s’amenuisent. Et les papiers de barres chocolatées sur lesquelles pilent nos semelles même sur les sentiers les plus reculés.

La prise de conscience des beautés de notre petit morceau de planète m’interroge sur notre capacité à en prendre soin. Sur notre place en tant qu’hommes et femmes dans cette immensité à la fois si puissante et si vulnérable.
Malheureusement, je constate que le discours sur la défense de la patrie et sur la beauté de la Suisse va souvent de pair avec un appel au repli sur soi. N’existe-t-il pas d’autres manières d’aimer son pays?
Pourtant, la fermeture des frontières n’empêche en rien la fonte des glaciers. Et la peur de l’autre ne nourrit pas l’amour de soi et des siens.

Ainsi, chers amis, osons prendre soin de notre Suisse et de celles et ceux qui la peuplent.
Avec amour et reconnaissance.
Avec ouverture et confiance.
Avec humilité.

Belle et joyeuse fêtes à tous.