Du pain et du poisson

Après la balade méditative de l’aube pascale et une petite collation, les lève-tôt se sont retrouvés au temple d’Auvernier à 8h00 pour le culte. Voici le texte de cette célébration.

Mosaïque (début du 6e s.). Basilique S. Appolinare Nuovo. Ravenne. Source: olivierbauer.org

Partie 1

Aujourd’hui, nous sommes le 1er avril. Et c’est Dieu qui nous fait la plus étonnante des surprises. Si nous devions nous en tenir à notre esprit cartésien, à notre logique humaine, jamais nous ne pourrions prendre au sérieux ce qu’il nous annonce.
Eh, vous savez quoi?!?
Jésus est ressuscité! 😉

Et pourtant, voici plus de 2000 ans que des hommes et des femmes placent leur espérance dans cette vérité. Que nous-mêmes, à la suite de toutes celles et ceux qui nous ont précédé, nous plaçons nos vies devant cette réalité: Dieu est plus fort que tout ce qui pourrait cloisonner nos vies. Il est même plus fort que la mort elle-même.
Alors en ce matin du 1er avril, nous n’avons pas envie de faire des blagues car, franchement, il nous faut rester modeste et laisser à Dieu l’indiscutable victoire en la matière. Jamais nous ne pourrions faire mieux.

Mais petit clin d’œil, nous avons choisi de placer cette célébration sous le signe du poisson. Et comme nous ne faisons pas les choses à moitié, c’est à l’intérieur même d’un poisson que nous vous invitons à entrer.

Le prophète Jonas, envoyé par Dieu accomplir la mission qu’il lui avait confiée, avait essayé de s’en détourner. Il s’était enfui dans la direction opposée. Mais une grosse tempête et le prophète est jeté à l’eau par les marins…

Lecture Jonas 2,1-11

Partie 2

Jonas!
Jonas, tu as cherché à t’enfuir.
A tourner le dos à ta destinée, à contrarier le dessein de Dieu. Certes, la mission qu’il t’avait confiée était périlleuse et pas dénuée de danger.
Qu’aurais-je fait à ta place?
Je ne saurais affirmer que je m’y serais lancée.
Je ne suis pas courageuse.
Nous le sommes si rarement en vérité.
Le Christ lui-même aurait aimé y échapper.
N’a-t-il pas prié Dieu de lui épargner ces souffrances? … éloigne de moi cette coupe de douleur…

Toutefois…
Toutefois non pas ce que je veux, mais ce que Dieu veut.

Oui Jonas, il est des épreuves, il est des souffrances par auxquelles nous ne pouvons échapper. Mais même au cœur de celles-ci, le Seigneur ne nous abandonne pas. Il t’a envoyé ce poisson. Et tu y es resté 3 jours et 3 nuits. Dans l’obscurité de ses entrailles. Telles un tombeau scellé.

3 jours hors du temps. Hors de toute réalité humaine.
3 jours d’éternité où tu es entré en toi-même.
3 jours pour faire le point sur ta vie. Pour redécouvrir que tu places ta confiance en lui.

Jonas, que ta prière devienne la nôtre. Et que, comme toi, nous osions l’affirmer: Oui, c’est toi Seigneur qui me sauve!

Rejeté sur le rivage. Rendu à la vie par le poisson. Jonas, tu es expulsé de ton tombeau par le Dieu de la vie. Comme Jésus sorti de la tombe.

Chant puis lecture de Jean 21,2-14

Partie 3

Quand Jésus ressuscité rejoint ses disciples, ce n’est pas dans le fracas de grandes démonstrations de puissance. Le voici, simplement, sur le rivage. Ses disciples ont repris leur vie d’avant. Ils s’accrochent à ce qu’ils savent faire comme on s’accroche à ces gestes automatiques lorsque tout s’est effondré autour de nous. Rien de spectaculaire. Rien de fantastique.

Rien non plus dans son allure ou ses paroles. Mais l’évidence simplement que c’est lui. Qu’il est là, présent. Et que cette présence transforme ce qui était stérile en abondance.

Dans le monde biblique, le poisson symbolise cette abondance. Il fut aussi, pour les premiers chrétiens, un signe important. Au temps des persécutions, on se reconnaissait entre chrétiens par ce poisson dessiné de deux traits arrondis qui se croisent pour former une queue. Dessin anodin aux yeux de celui qui ignorait sa signification. Signe clair pour le croyant.

Jésus Christ, fils de Dieu, sauveur.
Les premières lettres de chaque mot de cette confession de foi forment en grec le mot Ichtus, poisson.

Et voilà que la pêche est bonne. Et que tout ce qui semblait ne donner aucun résultat. Tout ce qui n’était que découragement. Tout ce qui ne semblait n’être qu’efforts inutiles. Soudain trouve tout son sens.

Arrivés sur le rivage où il rejoignent Jésus ressuscité. Lui qui est toujours le même que celui qu’ils ont connu, suivi, aimé. Lui qui est pourtant totalement différent. Les disciples s’approchent et attendent les paroles du maître.

Que va-t-il leur dire?
Venez manger! leur dit Jésus.

Il les invite.
Il nous invite à table.

Célébration de la cène